Africa Renaissance

Africa Renaissance

Enjeu de la chute de Mugabe

Recolonisation : les enjeux de la chute de  Mugabe

 

 

Tous ceux qui réfléchissent savent désormais à quoi s'en tenir dans la situation du Zimbabwe, et plus précisément dans le traitement fait à Mugabe par la Grande Bretagne et les Etats-Unis, et plus généralement, par ce qu'il est convenu d'appeler l'Occident. Même si ces gens se font appeler communauté internationale. Il coule de source que Mugabe n'est pas le plus grand antidémocrate africain et encore moins  le plus grand renégat du continent noir ! Bien au contraire. Il apparaît même qu'il a été non seulement l'un des plus grands résistants africains dans la décolonisation africaine, mais aussi, à l'instar d'un Kwame Nkrumah, l'un des dirigeants africain ayant mis toutes les ressources de son pays, à la disposition de tous les patriotes africains, notamment ceux de l'Afrique australe. Mugabe a réussi aussi le tour de force de résister et de vaincre les velléités  néocoloniales de la Grande Bretagne, lorsque l'indépendance de la Rhodésie du Sud (aujourd'hui Zimbabwe) devint incontournable aux yeux de l'ex colon. Ce dernier organisa en effet les premières élections démocratiques dans le pays, avec des arrière-pensées de hold-up arrêté. On sait qu'à l'époque, la puissance coloniale avait misé entièrement sur un pion plus malléable du nom de Joshua Nkomo, pasteur de son état. Et malgré la désinformation, les coups bas et les pistons de tous genres, Mugabe terrassa le protégé de Londres ! Qui dit mieux ? Alors, pourquoi ce patriote africain devint-il du jour au lendemain un despote, un tyran, un génocidaire pour employer un mot à la mode depuis 1994 ?

 

Les hommes des médias africains sont-ils compétents ?

 

Il est vraiment écoeurant de voir la manière dont les médias africains dans leur presque totalité répètent les sornettes occidentales sur le Zimbabwe et sur Mugabe ! On a la triste impression  que les hommes des médias africains sont incapables de réflexion et ne sont dans leur écrasante majorité, que des caisses de résonance. Or les journalistes sont, ou devraient être, parmi l'élite d'un pays, ceux qui sont les plus avant-gardistes, sinon comment pourraient-ils éclairer à travers leurs canards, l'opinion publique sensée être moins instruite ? Mais depuis le début de la crise du Zimbabwe, on voit très rarement des journalistes africains perspicaces, pour percer le jeu orchestré par la presse occidentale dans l'intention de déstabiliser le Zimbabwe et plus précisément le président Mugabe. Et pourtant, il suffirait simplement de se replonger un temps soit peu dans l'histoire, cette grande enseignante à nulle autre pareille, pour découvrir les enjeux, les non-dits, les dessous des cartes occidentales. Quand est-ce que les Africains vont-ils cesser d'être des enfants, manipulables  et ridicules à souhait ? Voilà comment par exemple, une journaliste du Monde Diplomatique Augusta Conchiglia, décrivait naguère la situation zimbabwéenne. Son article, paru en 2005, était intitulé : Fin de règne à Harare « Des dizaines de milliers de Zimbabwéens se trouvent sans abri à la suite des démolitions administratives décidées en mai 2005. Populaire en raison de sa lutte contre la ségrégation raciale, le président Robert Mugabe s'enferme dans un autoritarisme destructeur, qu'illustre la brutale réforme agraire. Chargé par l'Union africaine d'une médiation entre le pouvoir et l'opposition, l'ancien président mozambicain Joaquim Chissano a dû renoncer à sa mission. Isolé, Harare compte sur Pretoria, son allié historique. » Cet article qui mettait intentionnellement l'accent sur les conséquences des décisions du gouvernement zimbabwéen, cachait les dessous politiques qui ont conduit Mugabe et son gouvernement à durcir leur position. Suspendues en l'air, les positions de Mugabe devenaient incompréhensibles. Ce qui a entraîné peu à peu cette évidence d'un dirigeant fou et dont les séquelles se trouvent sur Internet. Toute la situation du Zimbabwe est tributaire de tels « tronquages » pour ne pas dire plus

 

L'image ci-dessus avait pour titre  Mugabe-crazy « Mugabe le fou » au mois de mai 2008 au moment des élections au Zimbabwe. Depuis, ce nom a été changé. Pourquoi ? On comprend en tout cas que le combat est à tous les niveaux, comme le disait le professeur Cheikh Anta Diop !

 

Pourquoi les Occidentaux veulent-ils la tête de Mugabe ?

 

Pour en revenir à des choses plus concrètes, on ne peut qu'être choqué par le comportement des médias occidentaux, avant et pendant les dernières élections législatives et présidentielles du Zimbabwe. Et surtout après, les choses ne font que s'empirer ! Aujourd'hui, on sait que ces médias ne s'arrêteront que lorsqu'ils auront enterré Mugabe au sens propre du mot ! Avant même ces élections, Mugabe qui étaient dans l'œil du cyclone depuis le début des années 2000, était décrit comme un fraudeur invétéré, un vieux croulant qui ne méritait pas de diriger le Zimbabwe, un dictateur qui avait mis à genou son pays, pour des raisons mégalomaniaques. Le ministre français des affaires étrangères vient de se permettre de traiter le président zimbabwéen de « assassin et d'escroc » ! Ce qu'aucun président africain n'oserait dire en rêve sur le moindre petit responsable occidental, a été ainsi hurlé à haute et intelligible voix sur tous les médias du monde, par un simple ministre ! Et il n'y a rien.  On le sait, le président Mugabe est devenu l'ennemi numéro un de l'Occident depuis ses démêlées avec les ex colons d'origine principalement britannique. La raison : Mugabe a osé exproprier ces ex qui étaient restés colons sur les meilleures terres du Zimbabwe, au détriment des ex colonisés que sont les Zimbabwéens naguère appelés Rhodésiens du Sud ! Taxé de communiste depuis belle lurette, cela ne le prédisposait non plus à un amour parfait avec l'Occident. Traité de tous les noms d'oiseaux depuis cette décision du pouvoir zimbabwéen, Mugabe ne méritait plus aux yeux de « la communauté internationale », d'être le président de son pays, par ailleurs soumis à des sanctions économiques sévères. Du coup, il a été diabolisé par cette communauté, Britanniques et Américains en tête. Dans ces conditions, il coulait de source que Mugabe ne pouvait qu'être le tricheur invétéré annoncé quel que serait le scrutin, un assassin de toute volonté contraire à ses desiderata. Et comme la commission d'organisation des dernières élections donnait les résultats à compte gouttes, cela ne pouvait être que le fait de Mugabe, de sa décision ferme de truquer les votes dont le gagnant ne pouvait être que leur protégé de Morgan Tsvangirai ! Que ce dernier puisse frauder, cela n'a jamais frôlé l'esprit de qui que ce soit, puisque cela est tout simplement impossible ! Que son parti donne des résultats avant la commission d'organisation des élections, cela est très bien, même si les autorités avaient interdit ce genre d'oukases avant le scrutin.

 

Mais voilà que les résultats de la commission d'organisation des élections donnent le camp de Tsvangirai gagnant dans le scrutin législatif. Et tout le monde de crier victoire ! Et c'est ce « tout le monde »  qui naguère affirmait que Mugabe truquerait quel que soit delta. Qu'il manipulait à sa guise la commission d'organisation des élections. Voilà que la commission électorale que toute la communauté internationale qualifiait de corrompue et à la seule solde de Mugabe, donne des résultats qui conforte la victoire de l'opposition, et plus personne ne dit plus mot. Ou du moins, ce pourquoi on rue désormais dans les brancards, c'est le fait que les résultats des élections présidentielles tardent à venir. La cause : « C'est ce tricheur de Mugabe qui cherche les moyens de frauder » ! Sacrée animal appelé communauté internationale ! Mais au fait quels sont les pays dont les habitants font partie de cette communauté ? Qui les a votés ? Des habitants du petit Burkina feraient-ils aussi partie ?

Il y a un proverbe africain qui assure qu'  « Il est inutile de faire bagarre avec celui qui ne connaît pas la honte » ! Et pourquoi ? « Parce qu'on ne peut jamais gagner » ! Puisque lui n'a aucune règle. Comme le disait cet escroc dans un film de américain : « La seule règle, c'est qu'il n'y a pas de règle ! ». En remettant constamment en cause ce qu'on a déjà affirmé comme véridique et véritable l'instant d'avant, il n'y a plus alors de règle du jeu !

C'est l'ex président de la France, monsieur Jacques Chirac qui avait affirmé audacieusement : « L'Afrique n'est pas mûre pour la démocratie » ! Mais il aurait sans doute été beaucoup plus inspiré, de se poser la question de savoir si l'Afrique avait un intérêt quelconque à entrer dans la démocratie occidentale ? Enorme débat que le continent noir aura intérêt à ouvrir tôt ou tard !!!

Entre nous, c'est quoi exactement l'idéal démocratique ? Quel pourrait être l'intérêt de l'Afrique dans un système où seul l'intérêt matériel est le maître mot, mais surtout qui force à ce qu'on accepte que des hommes, parce qu'ils sont plus forts, aient plus de droit sur les biens et les terres des autres ?  Le système de la raison du plus fort n'est-il pas plus le signe de la barbarie que celui d'une civilisation ? Ne peut-on pas avoir la faiblesse de penser que les barbares ne sont peut-être pas ceux qu'on croit !

 

A qui l'Occident veut-il donner leçon ?

 

Lorsqu'on repasse en revue les arguments de l'Occident contre Mugabe, on se rend compte qu'il n'y a réellement rien dedans. Absolument rien ! Quelques exemples suffiraient pour être édifié :

-         On dit qu'il faut combattre Mugabe parce qu'il est un fraudeur et un manipulateur de scrutins. Soit ! Quid de ceux qui fraudaient avant lui et qui continuent de le faire au vu et au su de tout le monde, aussi bien en Afrique que dans le reste du monde ? Ne citons pas de nom de peur d'en oublier ; il y en a tellement ! Il y a-t-il un seul organe occidental qui ne les connaisse pas ? Alors, quelle est cette démocratie à géométrie variable qu'applique l'Occident ?!!

-         On dit que Mugabe est vieux et croulant, donc il ne mérite pas de diriger son pays. Très bien ! quel est l'âge décent pour diriger un pays ? Qui fixe cette limite et sur quels critères ? L'Occident qui se prend comme le parangon de la civilisation croit-il pouvoir donner leçon à qui, lui qui n'a jamais su reconnaître la valeur des personnes âgées, qui les parquent dans ses fameuses « maisons de repos », perfides et infectes ? Le « conflit des générations » stupide des Occidentaux peut-il approfondir une quelconque valeur, eux qui n'en ont jamais eu à part la raison du plus fort, et qui se détruisent et le reste du monde avec, dans cette course stupide vers « l'amassage » des biens bassement matériels, au prix d'une destruction programmée de la terre ? On comprend comment ils réduisent l'être humain au rang de pion, de consommateur exclusif, tout en passant leur temps à crier liberté, droits de l'homme ! Quand on est malade comme seul l'homme occidental peut l'être présentement, pardon ! qu'on ne revendique pas sa maladie comme une valeur, mais qu'on cherche à se soigner ! Cela est beaucoup sage. Mais ceux qui ne sont même plus capables d'arrêter la destruction de la terre à travers celle de la biodiversité, sont-ils à même de savoir seulement qu'ils sont malades ? Ceux qui avancent des arguments du genre : « Arrêter la propagation des combustibles à effet de serres, serait créer tant de chômeurs, dont je ne le fais pas ! », peuvent-ils donner quelle leçon de morale à qui ?

-         On dit que Mugabe opprime son peuple. Ok ! Mais qui a violé les « Accords de Lancaster House » ? Pourquoi la Grande Bretagne, si grande dans son amour pour le peuple Zimbabwéen, a-t-elle décidé les blocages des fonds dus au Zimbabwe ? Qui finance et protège Tsvangirai ? Qui l'a créé de toute pièces. Veut-on prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages ? Les Anglais ont-ils payé ce qu'ils doivent pour la restitution des terres zimbabwéennes aux vrais Zimbabwéens ? Ils affirment par contre dans leurs brûlots que le Zimbabwe souffre parce que les colons blancs sont bloqués dans leurs productions si utiles au pays. Ceux qui vivaient là avant la colonisation britannique mouraient-ils de faim ? Le comportement de ceux qui prennent tout ce qui appartient aux autres parce qu'ils sont plus forts, est-il qualifiable autrement que par les noms d'escroquerie, de banditisme, de délinquance ?

-         On peut ainsi passer en revue chacun de leurs arguments qu'on ne trouverait aucun qui résiste à une analyse serrée et consciente.

 

Il faut soutenir le combat du président Mbeki

 

Le président sud-africain, Thabo Mbeki à travers ses différentes prises de position officielles ou non,  a toujours montré qu'il était un très grand dirigeant. Un des quelques rares que l'Afrique a eus. Il est de la trempe des Narmer, des Soundiata Kéita, des Nkrumah, des Sankara, ... Il est l'un des rares dirigeants sinon le seul à notre connaissance qui aient par exemple compris l'enjeu de cette arnaque fabuleuse contre les peuples notamment africains et qu'on a nommée « SIDA » ! Il a été combattu et on le combat toujours pour une position juste et pour lequel l'histoire le justifiera ! Même si les imbéciles de tous poils et notamment africains se laissent berner par les mirages et les miettes jetées aux vautours, il est certain que Mbeki aura sa récompense. C'est un homme de cette trempe qui s'occupe du problème zimbabwéen. Il est heureux que cela soit et il y a quelque chance que ce conflit soit réglé ! Courage frère Mbeki, les ancêtres de la terre d'Afrique sauront t'appuyer et rendre éclatantes tes victoires, tout en retournant tes ennemis de sorte que leur devant soit leur derrière et vice versa 

 

Mais ce que tous les Africains qui ont encore de la cervelle doivent comprendre, c'est que le problème du Zimbabwe est particulier. On a essayé dans beaucoup de pays africains fantoches, des coups d'Etat militaires ou politiques. Ils ont presque tous réussi. On essaie de réussir ces coups tordus dans des pays qui ont chèrement acquis leur indépendance, et qui ont acquis une claire conscience des jeux internationaux pour l'indépendance du peuple africain. Si jamais on réussit à déstabiliser un Mugabe ou quelqu'un de cet acabit, la reconquête africaine si longuement et si mûrement pensée sera définitivement enclenchée. Si Mugabe tombe, on aurait ouvert une brèche et même un gouffre pour la reconquête de l'Afrique. De cela, très peu d'Africains sont conscients. Malheureusement !

Il me vient une anecdote que j'ai vécue au village il y a de cela quelques décennies. Un oncle avait maille à partir avec sa femme, une nuit. L'oncle, dans la bataille, partait affaibli par rapport à beaucoup de points. Madame avait décidément beaucoup plus de punch que lui. Et on sait comment les femmes africaines sont intraitables et véhémentes dans ces genres de situations. Cette véhémence avait ameuté beaucoup de badauds qui, perchés sur les murs de la clôture de la concession de l'oncle, ne perdaient rien du lavage en règle du « tonton » ! Comme il ne pouvait trouver comment réagir aux estocades de madame, il se tourna vers les gens perchés sur les murs de sa clôture pour leur tenir à peu près ce langage : « Mais que faites-vous là  malheureux ! Que faites-vous perchés sur les murs des gens pour les regarder se bagarrer avec leur femme ? N'avez-vous pas de problèmes à résoudre dans vos maisons ? Allez-y vous battre vous aussi avec vos épouses ! »

Comme lui, il convient de dire aux Occidentaux de laisser les gens tranquilles et d'aller s'occuper de leurs innombrables problèmes. S'ils ne les connaissent, ils pourraient nous solliciter pour les aider à les citer ! On pourrait leur proposer d'excellents consultants !

Bétéo D. NEBIE

(neb_beteo@yahoo.fr)



26/08/2008
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