Africa Renaissance

Africa Renaissance

L'éducation fera l'unité de l'Afrique

L’éducation fera l’unité de l’Afrique

 

Le problème de l’unité du continent noir est devenue un « casse-tête africain ». On tourne depuis un demi siècle, depuis que les Etats africains sont devenus indépendants sans trouver de solution. On peut même remonter plus loin en pensant à l’énorme travail abattu par les panafricanistes dès la fin du 19è siècle. Aucune lueur ne semble cependant pointer à l’horizon. Au point que certains commencent à se demander si cette chose qu’on appelle l’union est possible pour nous.

Pourtant une bonne éducation serait la réponse tout trouvée à l’unité de l’Afrique ! Certains se poseront la question pourquoi ? Cela se défend aisément dans la mesure où seule l’éducation est à même de mouler un peuple, une nation pour un objectif donné. C’est d’ailleurs le rôle de celle-ci : peut-on vraiment croire qu’une éducation puisse être entièrement gratuite, sans aucun but visé ? Seul un imbécile répondrait oui ! à cette question. Peut-on espérer atteindre quelque chose de grand, de noble, de durable pour une société, totalement par hasard ? Une réponse affirmative serait hasardeuse à cette autre question. Ainsi l’éducation semble être l’élément privilégié pour préparer et atteindre un objectif défini à l’avance. Notre unification apparemment si difficile  à réaliser devrait donc être réalisable par le biais de l’éducation. C’est exactement comme un logiciel qu’on peut programmer pour faire un travail précis. A partir d’ici surgit une autre interrogation : l’éducation moderne actuelle des enfants du continent noir, peut-elle permettre l’union africaine tant souhaitée ? Il est évident que non ! Et pourquoi ? Tout simplement parce qu’elle fut imaginée par les ex colons, non pour réaliser une quelconque unité du continent, mais bien pour le disloquer afin de le dominer et l’exploiter plus aisément. Tout le monde sait que l’union fait la force en effet. Il aurait été bête d’espérer dominer l’Afrique, en l’unifiant, en en faisant un bloc monolithique et homogène ! Nos ex dominateurs (qui continuent d’ailleurs de l’être) étaient loin d’être bêtes. Il est donc facile de comprendre qu’ils aient plutôt cherché et obtenu le contraire, à travers le système éducatif qu’ils ont inventé pour cela. Ne serait-il pas stupide de penser qu’avec un tel système nous espérions réaliser l’unité africaine ? La conclusion est facile à tirer : il nous faut passer par l’éducation pour faire l’unité africaine, mais celle dont nous disposons n’est pas orientée dans ce sens ; il ne rester plus qu’à la changer !

C’est probablement la raison pour laquelle il est si difficile de réussir une reforme éducative en Afrique, nos adversaires pesant de tout leur poids sur le bras opposé de la balance. Tout le monde en parle, mais jusqu’ici personne n’en a réussi aucune. Au point que certains ne sont pas loin de penser qu’il faut sagement continuer avec le système de l’ex occupant ! Mais cette position est difficile à défendre pour toutes les raisons que nous venons d’évoquer. Si cela est si compliqué de réussir une reforme, c’est certainement que ceux qui nous tiennent par divers moyens aussi efficaces les uns que les autres, ne veulent point que nous réussissions une telle chose. Il est donc clair que cette exigence de reforme devient un passage obligé à toute chose bonne pour nous. Donc elle le devient pour notre unité.

Les choses sont ainsi établies. Sur le chemin de notre unification, nous avons le choix entre deux possibilités : l’union par la force ou celle par l’éducation. Si nous voulons faire l’économie de la violence physique, nous avons le choix de l’éducation. Nous ne pouvons certainement pas éviter l’une et l’autre et réussir une union africaine. L’une est courte, efficace mais violente, l’autre est longue mais sûre et humaine. Ne devons-nous pas quitter définitivement l’animal pour aller vers l’humain, la sauvagerie pour entrer dans la civilisation, comme des êtres ayant acquis une culture et donc ayant irréversiblement tourné le dos à la barbarie ?

 

KI-ZERBO Joseph : Eduquer ou périr : impasse et perspectives africaines. Paris, Unicef-UNESCO, 1990.



15/09/2010
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