Africa Renaissance

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La mort, et après ?

Quel nom vont-ils laisser ?

Les Bambara ont un adage limpide qui assène une réalité essentielle : « La mort tue l’homme, elle ne tue pas son nom » ! Voilà une vérité qui bat en brèche les conceptions de certaines religions et spiritualités, selon lesquelles l’être humain serait uniquement constitué d’un corps et d’une âme. Si cela était le cas en effet, que viendrait faire un nom qui n’a aucune accointance avec l’être en question ? Sans remonter jusqu’à l’Egypte de nos ancêtres, qui comptait jusqu’à cinq parties (dont le nom précisément) composant l’être humain, on peut tout de même reconnaître que les Africains modernes que nous sommes avons (ou devrions avoir) une meilleure compréhension des choses que certaines religions qui font les dindons dans la basse-cour.

Alors qu’elles imposent toutes des noms pour leurs adeptes, parfois même après moult cérémonies, les religions dominantes ont une véritable difficulté à faire une place raisonnable au nom de l’être, dans la suite de l’évolution de celui-ci. On peut reconnaître que l’ancien Testament déroge assez à ce comportement peu compréhensible et pour cause. Elle accordait toujours une importance à la signification du nom des gens, mais n’allait pas au-delà pour voir dans l’après-vie ! Du reste, sa proximité particulière avec l’Afrique par rapport à l’origine négro-africaine de l’essentiel de ses concepts, pourrait expliquer une telle situation ! « C’est bon, mais ce n’est pas arrivé ! » dirait un commerçant de Ouagadougou.

Les gens semblent ne pas voir une évidence élémentaire : sur la terre, seul le nom désigne un être en dehors de la présence physique de celui-ci. Certains diraient  « les actes aussi ! », mais même ceux-ci sont derrière le nom et c’est à travers lui que ces actes prennent corps ! Dans tous les cas, la société humaine, en donnant un nom à un individu, marque cet homme ou cette femme pour la vie et même au-delà de cette dernière ! On comprend donc que la mort n’ait aucun effet sur le nom ! Mais les gens qui ont une connaissance approximative de certaines réalités pensent faire honneur à Dieu en ne reconnaissant que les substances qu’il a lui-même créées. Or en créant l’homme, Dieu le met toujours sur terre et dans la société des hommes. N’aurait-il pas pu le créer ailleurs que sur terre ? C’est la raison colossale pour laquelle Monseigneur Albert Ndongmo, évêque camerounais de grand courage intellectuel (mort dans des conditions peu orthodoxes)  a reproché aux religions, y compris la sienne, de « Vouloir conduire les hommes au Ciel comme si la Terre n’existait pas ! »[1]. Ce qui est proprement une ânerie !

Les Africains d’aujourd’hui deviennent plus bêtes en devenant plus nantis, en montant dans la hiérarchie sociale, ou en se convertissant aux religions exogènes ! Ayant abandonné leur foi dite « traditionnelle » et leur nom dits « botaniques », plus aucune morale africaine n’est digne à leurs yeux. Les défauts les plus abjects, les conduites les plus éhontées, aucune barrière ne peut désormais arrêter leur course éperdue vers l’accumulation des biens matériels ! Ils ne savent plus que leur nom leur survivra et dira longtemps après eux, ce qu’ils ont été et ce qu’ils ont fait. Quel nom vont-ils donc laissé dans leur société ces nouveaux Africains à nuls autres pareils ? Qu’est-ce que cela peut faire, puisque d’après leur nouvelle conception, l’homme c’est un corps et une âme !? Lorsqu’ils seront morts, leur corps le sera, et leur âme n’a qu’à se chercher ! « Celui qui mange la tête a-t-il jamais eu peur des yeux » ? Sur le chemin de la renaissance de l’homme noir pour le plus grand bonheur de l’humanité entière, les hommes africains riches et les fanatiques des religions révélées, seront les plus grands handicaps, non pas que cela soit mauvais d’être riche ou de croire, mais parce qu’ils vivent sans savoir pourquoi ils sont venus sur terre, et ils ne se connaissent plus ! Or la sagesse africaine soutient que se connaître soi-même est la plus grande connaissance !

Au moment où je trace la dernière ligne de ce Focus, j’apprends qu’Obama vient d’être réélu président des USA. Pour lui, juste un mot. Petit frère, songe à ce proverbe africain : « Quelque maigre que le calao puisse devenir, il ne s’assoit jamais sur une paille » ! Que les ancêtres veillent sur toi, jeune frère !

 

 



[1]                      - http://theses.univ-lyon2.fr/documents/getpart.php?id=lyon2.2005.fouellefakkana_cc&part=97651



05/12/2012
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