Africa Renaissance

Africa Renaissance

C'est quoi la coutume ?

C'est quoi, la coutume africaine au niveau de l'Etat ?

 

L'Afrique a construit dans le passé, des Etats dignes et performants en tous points de vue. Ceux-ci ont produit beaucoup de progrès pour le peuple négro-africain. Ainsi, les acquis ont été énormes dans chaque domaine de la vie sociale, et la terre entière a pu en bénéficier. Que ce soit au niveau scientifique ou que ce soit à celui de la gestion des hommes, l'Egypte pharaonique par exemple a énormément donné. Si les choses semblent assez évidentes aujourd'hui au niveau scientifique, avec l'apport généreusement accordé au monde notamment occidental par Grecs antiques interposés, la contribution négro-africaine au niveau politique est probablement moins connue. Cependant, à travers l'histoire de Solon le premier Législateur grec (l'un des célèbres Sept Sages de la Grèce), on sait ce que l'Afrique a apporté à ce niveau aussi. Mais dans tous les cas, quelle que soit la façon dont on analyse ces questions, il apparaît clairement que les Négro-africains ont géré leurs royautés et leurs empires avec une réalité phare, toujours agissante : la Coutume encore appelée la Tradition. En langues africaines du Burkina par exemple, Coutume ou Tradition  se traduit littéralement par « La Chose, la Pratique qui nous a précédés », pour signifier l'ancienneté de celle-ci. Mais qu'est-ce que la Coutume, qu'est-ce que la Tradition ?        

L'examen des différents types d'Etats endogènes produits par l'Afrique : Monomotapa, royaumes yorouba, Mandén de Soundiata Kéita, Ghana, Méroé et Napata, Egypte des pharaons, tous ces royaumes et empires indiquent clairement la même constante. Il semble que celle-ci fut connue sous le nom de Coutume. Il est évident que la connaissance de cet élément, doit être un puissant doigt pointé sur le chemin qui ramènera l'Afrique à une vraie renaissance, à une condition cependant : trouver la logique interne, si elle existe. Celle qui a été la charpente essentielle de gestion de la cité des sociétés négro-africaines. Et si elle n'existe pas, alors accepter que tout doit être entièrement inventé, pour un re-décollage du continent noir !  Pour notre grande chance, des scientifiques de renom comme le professeur Cheikh Anta Diop, ont balisé pour nous le chemin à ce niveau. Il ressort au terme des analyses du célèbre égyptologue, physicien, politologue, linguiste, mathématicien et historien, que tout au long de son évolution, l'Afrique a toujours gardé le même cap. Cela nous donne la possibilité, en cherchant honnêtement, scientifiquement et historiquement, de retrouver le fil conducteur qui a guidé comme une étoile polaire, la marche des hommes et des femmes du continent, dans leur quête pour le bien-être socioculturel et la construction de l'Etat.

    

L'une des constantes, sinon la constante la plus importante, semble incontestablement le fait que le continent noir a toujours cru, que gérer un Etat, c'est essentiellement une recherche pour la société concernée, d'un progrès à tous les niveaux, en se fondant sur le Juste, le Bien, la Vérité ! Et ces termes sont la définition précise de Maât ! Autrement dit, tout au long de son histoire, seule la Maât égyptienne a été le fil conducteur, le ciment permanent de l'Etat africain. Avec l'évolution indispensable de la marche des hommes à travers les siècles et les millénaires, des ajustements ont toujours été faites, mais jamais elle n'a été abandonnée. Avec la dispersion du Peuple négro-africain à travers tout le continent à cause des vicissitudes de l'histoire, et surtout à cause de la diversification des langues, le mot a été oublié pour ne laisser place qu'au contenu de La Chose ou l'Esprit, « qui nous a précédés » ! Et le fait que la Coutume ait toujours eu des relents mythiques ou spirituels, cela confirme qu'il s'agit bien de la même réalité, puisqu'à l'origine, Maât était précisément une divinité. Si coutume se conjugue au même temps que Maât, comment cette dernière doit de nouveau devenir l'étoile polaire de la politique africaine moderne ? Une réponse adéquate à une telle question constituerait à n'en pas douter, un pavé énorme dans la mare d'une Afrique devenue comme le dit le poète, « La merde de l'humanité » ?

 

Cheikh Anta Diop : L'Afrique noire précoloniale. Présence Africaine. Paris 1960

 



23/04/2009
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