Consistance de l'économie moderne
« Donne-nous notre pain d'aujourd'hui » !
Il semble que durant tout son ministère de trois ans, Jésus n'aura appris qu'une seule prière à ses disciples. L'évènement s'est produit à la demande même d'un de ceux-ci, mais les textes n'ont pas retenu son nom. « Apprends-nous à prier comme Jean-Baptiste l'a fait pour ses disciples », lui a demandé un jour ce disciple ! Jésus lui répondit : « Quand vous priez, dites : Père, que tous te reconnaissent comme Dieu. Que vienne ton règne. Donne-nous chaque jour l'aliment qu'il nous faut. Pardonne-nous nos fautes, car nous pardonnons nous-mêmes les torts des autres, et ne nous laisse pas face au mal. » Une phrase de cette prière me semble plein d'enseignements aujourd'hui, même si je n'ai aucune vocation à une quelconque interprétation autorisée, n'étant point connaisseur du saint livre : « Donne-nous chaque jour l'aliment qu'il nous faut » ! Cette disposition du « Notre père » est malheureusement battue en brèche par la logique de l'économie moderne. La science économique qui dirige le monde entier, dirait de Jésus qu'il prônait une vie au jour le jour ! « Quelle ineptie » dirait-elle ! La logique élémentaire n'aurait-elle pas plutôt consisté à demander pour le long terme ? « Donne-nous le pain nécessaire à notre vie entière ! » par exemple. Se peut-il que celui-là qu'on appela le Fils unique de Dieu n'ait pas pu voir que cette conception de « pain quotidien », était une disposition étriquée et inconsistante ? Au risque de paraître rétrograde cependant, il me semble que Jésus avait bien raison sur notre vision scientifique actuelle, pour la raison essentielle, qu'il a énoncé une loi naturelle. Or ces dernières sont toujours supérieures et plus pérennes que les autres, qui ne peuvent qu'être circonstancielles, instables et parfois même contre nature ! A titre d'exemples, la biche, le mouton, et le cheval repus, se couchent et dorment sur l'herbe qui est leur nourriture préférée. Le lion, le chat et la panthère quant à eux, laissent passer la proie à fleur de nez lorsqu'ils sont rassasiés. Aucun de ces animaux ne thésaurise. L'homme de notre civilisation moderne veut accumuler, pour l'éternité s'il le faut. Il est à parier que beaucoup préfèreront soutenir que cette loi dite naturelle indiquée par Jésus est aujourd'hui dépassée ! Mais il faut peut-être aller au-delà, pour comprendre comment la nécessité économique de la croissance continue et de l'amassement incessant des biens matériels est contre nature. Une seule remarque balaie en effet, toute la logique de notre science moderne. Les ressources naturelles sont limitées ; une civilisation fondée sur l'accroissement continu ou l'accumulation perpétuelle est de ce fait une ineptie. Les conséquences désastreuses de cette logique sur notre environnement d'aujourd'hui sont d'ailleurs éloquentes. Si les hommes sont abrutis au point de ne pas comprendre cette réalité élémentaire, l'humanité n'en aura plus pour très longtemps ! Les Etats-Unis d'Amérique qui étaient la tête de prou de cette logique, viennent avec le nouveau président Barack Obama, d'amorcer peut-être un revirement qui, à terme freinerait la chevauchée meurtrière. Comment des dirigeants peuvent-ils soutenir que leurs pays ne peuvent lutter contre la dégradation de l'environnement au prétexte que cela créerait du chômage chez eux ? N'est-ce pas folie que de vouloir du travail pour le maximum de ses citoyens au risque que la terre entière soit dynamitée ?
Prenant donc appui sur de ces genres de folies « régionales » et limitées, il faut que nous acceptions d'abandonner notre civilisation matérialiste, fondée sur l'amassement perpétuel de biens matériels et la recherche effrénée de l'intérêt personnel. Il faut revenir pour le plus grand bien de l'humanité, à des logiques naturelles simples et pérennes comme celle enseignée par Jésus à ses disciples voilà plus de 2000 ans : rechercher le strict nécessaire à la vie ! Aucun argument scientifique ne saurait contrebalancer une sagesse aussi limpide ! Au tollé général que soulèverait notre position, il faudra opposer courageusement l'adage africain qui soutient que : « A trop s'apitoyer sur le bouc du sacrifice, on se fait sacrifier soi-même » ! Oui ! la civilisation dominante est un suicide programmée pour l'humanité. Aura-t-on le temps de s'en rendre compte avant le précipice ?
Pierre de Beaumont : La Bible. Editions Fayard-Mame. 1981
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