Démocratie phagocytée
Le handicap de la démocratie en Afrique
L’évolution récente de la situation de la démocratie sur le continent noir, oblige à un regard plus aigu. En effet, la situation au Kenya il y a quelques années, celle plus actuelle en Côte d’Ivoire et au Gabon, nous invite fortement à scruter attentivement l’ensemble du système quant à son adéquation mentale et psychologique pour l’environnement négro-africain. Au-delà de « L’Afrique n’est pas mûre pour la démocratie ! » du président français Jacques Chirac, et de « L’Africain est trop mesquin pour être un bon démocrate ! », conviction de beaucoup de monde, il convient d’accepter un recul et une introspection raisonnables, pour proposer une analyse qui ait des chances d’être plus pertinente. L’écueil à éviter ici, c’est le syndrome du marxiste africain. Ces marxistes ont en effet pensé et pensent encore, que partout où le marxisme n’a pas marché en Afrique ou ailleurs, c’est tout simplement parce que les principes marxistes n’ont pas été bien appliqués ! Avec de telles analyses, on évite de prendre le recul nécessaire pour dépasser la conviction du genre : « Le grand penseur avait bien raison, ce sont les hommes d’aujourd’hui qui sont stupides ! ». Voilà la courte échelle, l’arme absolue des paresseux ou des incapables intellectuels !
Il faut le reconnaître ainsi, la démocratie venue d’Europe suite à la colonisation et imposée au contexte africain, ne peut pas fonctionner, parce qu’il semble qu’il lui manque un verrou ! Or un système a besoin de stabilité pour tenir et pour marcher correctement. Il manque à cette démocratie imposée, les balises indispensables à la stabilité du système. Le contre-pouvoir constitué par l’ensemble « forces de l’ordre-justice », n’est pas opérationnel. C’est ce pouvoir qui impose qu’un Jacques Chirac, ex-président de la république de France soit, à presque 80 ans, astreint à la justice, qui a forcé à la démission un Richard Nixon en 1974, qui oblige parfois des dirigeants à se suicider. En Afrique, ce contre-pouvoir est mis sous le boisseau, par la toute-puissance des dirigeants africains ! Ces genres de gouvernants ont un nom : « les dirigeants laisse-guidons » ! Ils sont tout simplement omnipotents ; ils acceptent les lois qu’ils veulent parce que le système ne peut aucunement les contraindre à quoi que ce soit ! Un tel pouvoir, dirigé par de tels personnages, ne peut en aucun cas être autonome, autosuffisant, équilibré. Il marche tant que les dirigeants acceptent de bonne foi de respecter les lois. Or, il faudrait que ce respect des institutions ne dépendent pas de la bonne volonté de quiconque ! Le système doit être constitué de telle manière, que la volonté des uns et des autres n’aient rien à voir avec son fonctionnement harmonieux et pérenne !
L’objection consiste à dire : pourquoi le même système marche-t-il en Occident, alors que chez nous il boitille ? C’est là que se pose le problème mental des sociétés. La chose marche là-bas parce qu’elle coïncide avec l’évolution culturelle et mentale de la société occidentale, tout simplement !
De fait, un bon système politique c’est celui qui, par lui-même écrase le contrevenant à sa bonne marche, par ses propres rouages, son propre fonctionnement. Indépendamment d’aucune volonté ! Cela est toujours possible tant qu’il y a adéquation psychologique entre l’institution et la société qui est concernée. Ainsi vue, la démocratie a ce rouage adéquat en Occident, mais pas en Afrique. Voilà le drame africain, par rapport à la démocratie !
Pour que la démocratie que nous avons actuellement fonctionne correctement, il faudrait trouver un contre poids, un contre-pouvoir suffisamment dissuasif, pour que personne ne songe à la transgresser. Et cela sera toujours possible tant que la symbiose évoquée plus haut, sera opérante. Dans ces conditions, celui qui nourrit des velléités de transgression est persuadé qu’il n’a aucune porte de sortie et qu’il sera écrasé à plus ou moins brève échéance ! Les soi-disant pressions internationales (ou de la fameuse Communauté Internationale) sont trop sujettes à des intérêts divergents, pour constituer un garant suffisamment efficace. C’est dire que le contre poids dont nous avons besoin, doit être trouvé à l’interne. Cela est le challenge des intellectuels négro-africains ! « Le porc-épic est mort et voilà un sérieux problème pour charognards et compagnie ! ». Une sagesse bien de chez nous.
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