Africa Renaissance

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guerres tribales africaines

Les guerres tribales africaines connaîtront-elles une fin ?

 

Il faut avoir le courage de reconnaître que depuis les « indépendances », les Etats africains n'ont jamais connu une stabilité réelle. La sagesse élémentaire nous oblige donc  à nous poser des questions sur les causes profondes d'une telle situation.  

Du Congo, au Biafra, de l'Angola au Mozambique, du Rwanda en Ouganda, du Tchad au Kenya  etc.,  nous avons connu depuis les indépendances, et nous connaissons des guerres destructrices et meurtrières. Ce qui signifie qu'elles peuvent arriver à n'importe quel pays du continent noir, et n'importe quand. Un regard rapide révèle qu'une des constances qui ressort à chaque fois, c'est l'implication presque permanente des groupes sociaux qu'on a nommés « ethnies ». Les « analystes avertis ( !?) » ont toujours donc mis ces troubles sur le compte de « l'ethnicisme », ou du déficit démocratique. N'est-il pas temps, à cause de la persistance du mal, de recourir à d'autres analyses, avec peut-être un peu plus de probabilité de tomber juste cette fois ? Il est en effet évident qu'on ne saurait guérir un mal avec de faux diagnostics. Or les fameuses analyses suscitées sont loin de nous faire voir le bout du tunnel !

Un examen minutieux de la situation du continent noir, incline à penser que le problème profond, la cause probable de tous ces dérapages de plusieurs décennies, pourrait être la mauvaise conception de l'Etat africain moderne. En effet, et pour prendre un exemple évident, il est incontestable qu'aucun Etat africain précolonial n'a été perçu, défini ou conçu comme les Etats modernes que nous imposons aux forceps à nos peuples désorientés ! Sans parler de la conception spécifique d'Etat que certains racistes occidentaux n'ont jamais voulu voir en Afrique, il importe aujourd'hui de mettre l'accent uniquement sur une notion essentielle de l'Etat moderne : celle  « d'Etat nation ». Cette conception soutient que pour qu'un Etat soit stable et viable, il faut que tous ses peuples soient suffisamment intégrés au point de constituer une entité homogène. Ce modèle d'Etat que l'Occident a construit au cours de longs siècles de guerres et de révolutions aussi violentes les unes que les autres, n'a jamais existé en Afrique précolonial. A l'opposé de cette notion, l'examen historique sérieux indique que l'Afrique a toujours préféré « l'Etat multi national » ! D'après ce modèle, on ne vit pas dans un Etat comme citoyen, uniquement parce que tous les citoyens ont la même langue, la même vision du monde et la même religion etc., on le fait parce qu'on a accepté de vivre ensemble, avec ses différences de langues, de vision du monde ou de religion ! Comme on le voit aisément, cette conception est aux antipodes de celle évoquée ci-dessus. De Ménès qui a uni la Haute et la Basse Egypte, jusqu'à Soundiata Kéita en passant par le Ghana dont le souverain était précisément appelé Ghana, cette réalité a toujours constitué le moteur de l'Etat négro-africain ! Les peuples négro-africains qui ont constitué en effet les grands royaumes dont l'histoire parle, ont chacun été respecté dans leurs principes  vitaux de base. S'il y a eu toujours des structures supra nationales, celles-ci ont toujours été acceptées puisque ne mettant pas en cause les éléments relevés plus haut, par tous les peuples concernés.

Il semble donc évident qu'un Etat à l'occidental a très peu de chances de réussir une unification harmonieuse de peuples ayant pour principes de base ceux que nous venons d'évoquer. Le problème essentiel de l'Afrique ne réside-t-il pas à ce niveau ? Nous sommes pour notre part, convaincu que c'est la cause profonde du flottement de l'Etat africain moderne. Cela expliquerait aisément le fait que tous les dirigeants se tournent prioritairement vers leur communauté sociale, et sont incapables de s'élever au-delà de celle-ci !

Tant que l'Etat africain sera géré sur des bases occidentales, il est à craindre que nos peuples ne trouvent jamais la paix ! Les dirigeants africains modernes sont à côté de la plaque. Messieurs, avec tout le respect que je vous dois… « Dire : lève-toi, attrape-moi l'aveugle-là et bastonne-le, cela mérite-t-il d'être murmuré ? » ?

 

Cheikh anta Diop : L'Afrique noire précoloniale. Présence africaine. 1960

 

 



07/02/2008
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