« Livre des Morts des anciens Egyptiens » : les fondements de la religion humaine
Le problème de la religion est importante pour toute société humaine. Base de la reconnaissance de l'être pour ses propres insuffisances, peurs et espoirs, elle est en outre une proposition de solution pour un modus vivendi avec le Créateur. On a voulu pendant longtemps, dénier à l'homme noir, même cette aspiration élémentaire, en transformant sa démarche vers la Divinité, en une série de pratiques sordides et sataniques. Lorsque les éléments démonstratifs d'une Egypte Pharaonique nègre ont commencé à être patents, les tenants d'une Afrique incapable de tout génie humain, sont montés sur leurs grands chevaux pour s'opposer farouchement à cette réalité qui devenait évidente chaque jour que Dieu faisait. Puis, de guerre lasse, la chose devenant incontournable chaque jour davantage, ils se mirent à injurier bassement le pays des Pharaons et leurs pratiques. La réaction d'un Adolf Erman traitant la mentalité égyptienne de : « folie, absurdité, et déraison. » démontre parfaitement cette position. On est même aller jusqu'à qualifier le « Livre des Morts » de : « Conte à dormir debout, d'un ennui insurmontable, un tas d'absurdités et de folies…On se sent étouffé sous l'énorme avalanche d'insanités et de niaiseries ». N'était-ce pas là une preuve à contrario que le peuple Egyptien Pharaonique était noir, puisque les Noirs étaient exactement vus sous le même angle en ces temps-là ? N'est-ce pas en ces « temps bénis » en effet qu'on disait, parlant du Noir, que « L'intelligence était inversement proportionnelle à la longueur du sexe » signifiant par là que les « Nègres », généralement dotés d'un membre supérieur à la leur, étaient précisément plus bêtes à cause cela ! Mais qu'est-ce que « Le Livre des Morts des anciens Egyptiens » ?
Intitulé précisément « Le Livre de la sortie de l'Ame vers la pleine Lumière » par ses concepteurs, il était de fait un précis de pratique minutieuse des diverses attitudes, paroles et prières que le mort devait maîtriser, afin de surmonter tous les pièges qui guettent l'âme après sa sortie du corps. Cette maîtrise parfaite devait conduire inévitablement l'être humain vers la Grande Divinité, pour faire un, avec Elle. « Le Livre des Morts… » est probablement le seul document à notre connaissance, qui soit en même temps, une « géographie » de l'Au-delà, décrivant dans les moindres détails le décor complet de ce que l'Âme trouve à sa sortie, et un manuel d'invocations et de résolution d'énigmes complexes, du début à la fin. De plus, il indique exactement l'utilisation minutieuse de chaque mot et de chaque geste. A la différence des livres des religions révélées qui mélangent constamment prières, histoire et sociologie au détriment souvent de la première, « Le Livre des Morts… » est uniquement un document de l'Au-delà, mettant systématiquement l'accent sur les paroles et les gestes à accomplir ! Les 192 chapitres du Livre démontrent comment l'être peut triompher de la seconde mort, c'est-à-dire de la définitive, comment l'Homme peut-il agir pour devenir dieu avec les dieux, lumière avec la Lumière ! On voit ici la différence essentielle entre l'objectif de la religion pharaonique et celle, plus tardives des religions dites du Livre, ou religions révélées, pour lesquelles, l'objectif est d'aller au Paradis.
La vision pharaonique de la religion jette une lumière singulière sur les pratiques religieuses des Africains d'aujourd'hui. A cause de la perturbation multi-millénaire des croyances de l'homme noir, non point depuis la Traite et la colonisation, mais bien depuis la défaite en –525, de l'Egypte nègre devant Cambyse le fou perse, le continent mère de tout ce que l'être humain avait créé de plus significatif, a en effet perdu pied. Aujourd'hui, l'une des manières, sinon la manière définitive de réconcilier la religion africaine avec elle-même, c'est le recours à ce que contient le Livre de la sortie de l'Âme vers la pleine lumière du Jour ! Seule une telle démarche pourra permettre à l'homme noir de ne point se sentir ridicule dans sa démarche vers Dieu, tout simplement parce qu'il fonde ce qu'on appelle de façon méprisante, les pratiques africaines. Les Anciens affirment que : « Aucun homme ne saurait vraiment être un mauvais danseur. Cela peut l'être, tant qu'on ne joue point pour lui, les louanges de ses Pères » !
Grégoire KOLPAKTCHY : Livre des Morts des anciens Egyptiens. Dervy-Livres 1979