Un négro-africain est un animiste en puissance
Pourquoi la « religion africaine » semble-t-elle si indéracinable ?
La Génération Cheikh Anta Diop (GCAD) a organisé le vendredi 4 mars, une projection suivie de débats sur un thème brûlant de l’heure : « Cheikh Anta Diop et les crises africaines. » Les débats qui étaient d’un bon niveau, ont abordé beaucoup d’aspects : politiques, culturels, artistiques, historiques… Le point focal a cependant été ravi par la religion. Abordée comme simple élément, pour donner le point de vue de Cheikh Anta DIOP, la discussion a rapidement tourné presque à la polémique, au point que quelques-uns des assistants aux débats se soient inquiétés du fait que la GCAD aurait tendance à faire une fixation sur les questions religieuses lors de leurs débats. Et d’ajouter que cela n’est pas une bonne chose ! Mais qu’en est-il en fait ?
Comme l’a expliqué un responsable de la GCAD, ce n’est pas la Génération qui aime aborder à chaque fois les questions religieuses, mais les interlocuteurs qui ramènent toujours ces questions parce qu’apparemment elles préoccupent beaucoup de gens ! Et comme pour la première fois, de jeunes Africains osent prétendre que la « religion africaine » dite animiste, a au moins autant de mérites que les autres dites révélées, cela dérangent beaucoup de monde, habitués à entendre comme parole incontestable, la supériorité de ces dernières !
Il est devenu courant et presque normal de clouer au pilori la « religion africaine ». Elle est traitée de fétichiste, de magique, de satanique, etc. Lui trouver la moindre qualité est devenu presqu’un casus belli pour les tenants des religions du livre. Et comme le soutient un adage : « Quand vous mettez le paralytique sur pied, il court plus vite que tout le monde. » !
Il est une donnée qui ne doit jamais être perdue de vue dès lors qu’il s’agit de l’Afrique et de sa croyance en un Dieu. On devrait même plutôt d’ailleurs parler de spiritualité africaine. Autrement dit, il semble établi comme du roc, ce que Cheikh Anta Diop a appelé « l’optimisme atavique… ». Cet optimisme qui est une certaine vision du monde spécifique au monde noir, est souvent mal maîtrisé par les autres peuples. Ils ne comprennent pas ce qu’une madame Françoise Gérard appelle l’extraordinaire vitalité des Africains. Comment cela se fait-il qu’un peuple comme le peuple noir, qui a subi autant de brimades et d’injustices depuis autant de temps, tienne encore debout, au point de toujours inquiéter ceux qui veulent assujettir le continent noir ? Aucun peuple en effet, n’a enduré autant que le peuple noir, à travers un aussi long temps. Aucun ! A côté de ces souffrances, les jérémiades concernant les soi-disant torts causés à un peuple comme le peuple juif, c’est de la rigolade ! Les Juifs parlent de leurs quatre millions massacrés par la barbarie nazie en l’espace quelques années. Le peuple négro-africain, rien qu’à travers le honteux commerce triangulaire, a perdu au bas mot deux cent millions de ses membres les plus vigoureux ! Nous n’évoquons pas ici, des saignées arabes. Quand on ajoute à tout cela la barbarie colonialiste et les matraquages religieux de tous genres, on reste pantois devant la résistance du peuple négro-africain !
C’est le professeur Basile Laetare Guissou qui aurait soutenu au cours d’une conférence-débats, que les Africains eux-mêmes sont loin de percer le secret de l’insondable force de l’âme du peuple noir. Au regard des nombreuses vicissitudes et des nombreux aléas traversés par l’homme noir, qui trouve encore aujourd’hui les moyens de rester debout et de rire dans toutes les circonstances de la vie, l’on est interpelé à comprendre que son âme est véritablement abyssale !
C’est parce que beaucoup de personnes ne saisissent pas ces choses, qu’elles pensent que la « religion négro-africaine » pourrait être amenée à disparaître ! Mais au fur et à mesure que le temps s’écoule, l’on se surprend à constater que non seulement la spiritualité africaine ne disparaît pas, mais au contraire que c’est elle qui, au fil du temps est en train d’avaler toutes les autres spiritualités !
Il convient que chaque Négro-africain ait à l’esprit cette évidence : la force principale de la « religion africaine » est qu’elle est inséparable de la vie de tous les jours. C’est comme si l’on disait qu’il n’y avait pas de religion africaine, en tout cas pas dans le sens des religions du livre ! Cela signifie que celui qui veut vivre uniquement sa foi comme indiquée dans ces religions, il sera toujours mal à l’aise dans la société africaine. Il arrivera toujours pour chacun de nous, un moment où il faut choisir : soit intégrer des valeurs africaines aux religions révélées, ce qui est souvent reprouvé, soit abandonner ces religions pour embrasser la pratique de nos pères, ce qui est très difficile dans nos contextes actuels, soit tout simplement quitter l’Afrique ! Il semble qu’il n’y ait pas d’autre alternative ! Beaucoup auront un haut le cœur en lisant cela, mais comme le soutient la sagesse pharaonique : « Nul ne peut changer la marche des étoiles ! ».
Omraam Mikhael Aïvanhov : Les lois de la morale cosmique. Prosveta. 2001
Bétéo D. NEBIE
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